de Stéphane Bonnefoi et Lionel Quantin
L'Heure du documentaire par Irène Omélianenko Le site de l'émission
14.08.2013 - 17:00
Jean-Michel Fauquet est un artiste à hauteur d’homme, plus familier des monts du Massif Central et du tumulus que des sommets romantiques des Alpes. D’ailleurs, son regard ne vise jamais les sommets mais plutôt leur antre, tout comme celui des centrales électriques, noires et boulonnées, des pylônes de téléphériques rouillés, ou des cabanes de chantier… Une mythologie du travail de la montagne, éveillée dès son enfance dans les Pyrénées. Jean-Michel Fauquet est né en 1950 à Lourdes.
Pour percer ses montagnes, Jean-Michel Fauquet se fait tour à tour dessinateur, vagabond, artisan, artiste…
Dans le quartier du Sentier où il vit (un mont né sur les déchets des Halles), il récupère du carton : « Nous entrons dans l’âge du carton, qui est celui de la précarité et du rejet ». Loin d’être désespéré, cet âge est aussi un appel à faire du neuf avec du rien.
Ensuite, Fauquet gravit les six étages de son atelier dominant Paris, son carton sur le dos. Là, il construit, à l’aide du matériau glané et d’un pistolet à colle, ses reliques enserrées dans un écrin gris-noir. Il les patine - les inscrit dans un temps primitif. Enfin, il les photographie à la chambre.
Son atelier entre alors dans le ventre fécond de la nuit. A l’orée d’une nouvelle naissance, mais plutôt d’une impossible renaissance.
Comment témoigner de ce que l’on n’a pas vécu, sinon par l’oubli ?
Et puis, dernière étape de sa quête d’ascendance, Jean-Michel Fauquet se saisit d’un escabeau bancal rivé à une corde, lui-même tenu par un mousqueton. Il ouvre une trappe, accède à un grenier bas, puis grimpe sur une chaise afin d’accéder à une lucarne. Il marche sur le toit pentu de son immeuble comme un funambule. Assis sur l’arête en zinc, les pieds dans la gouttière à trente mètres d’altitude, il se souvient qu’étant enfant, la vision du ciel était toujours tronquée par les nuages. Et cette vision est essentielle pour comprendre son rapport au paysage.
L'Heure du documentaire par Irène Omélianenko Le site de l'émission
14.08.2013 - 17:00
Jean-Michel Fauquet est un artiste à hauteur d’homme, plus familier des monts du Massif Central et du tumulus que des sommets romantiques des Alpes. D’ailleurs, son regard ne vise jamais les sommets mais plutôt leur antre, tout comme celui des centrales électriques, noires et boulonnées, des pylônes de téléphériques rouillés, ou des cabanes de chantier… Une mythologie du travail de la montagne, éveillée dès son enfance dans les Pyrénées. Jean-Michel Fauquet est né en 1950 à Lourdes.
Pour percer ses montagnes, Jean-Michel Fauquet se fait tour à tour dessinateur, vagabond, artisan, artiste…
Dans le quartier du Sentier où il vit (un mont né sur les déchets des Halles), il récupère du carton : « Nous entrons dans l’âge du carton, qui est celui de la précarité et du rejet ». Loin d’être désespéré, cet âge est aussi un appel à faire du neuf avec du rien.
Ensuite, Fauquet gravit les six étages de son atelier dominant Paris, son carton sur le dos. Là, il construit, à l’aide du matériau glané et d’un pistolet à colle, ses reliques enserrées dans un écrin gris-noir. Il les patine - les inscrit dans un temps primitif. Enfin, il les photographie à la chambre.
Son atelier entre alors dans le ventre fécond de la nuit. A l’orée d’une nouvelle naissance, mais plutôt d’une impossible renaissance.
Comment témoigner de ce que l’on n’a pas vécu, sinon par l’oubli ?
Et puis, dernière étape de sa quête d’ascendance, Jean-Michel Fauquet se saisit d’un escabeau bancal rivé à une corde, lui-même tenu par un mousqueton. Il ouvre une trappe, accède à un grenier bas, puis grimpe sur une chaise afin d’accéder à une lucarne. Il marche sur le toit pentu de son immeuble comme un funambule. Assis sur l’arête en zinc, les pieds dans la gouttière à trente mètres d’altitude, il se souvient qu’étant enfant, la vision du ciel était toujours tronquée par les nuages. Et cette vision est essentielle pour comprendre son rapport au paysage.