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Les Rencontres d'Arles 2013
La photographie comme moyen d'affirmer au monde ou à ses proches son identité, la photo peut-elle faire partie d'un processus analytique ? Avec les photographes Pieter Hugo, Jean-Michel Fauquet, Arno Rafael Minkkinen, Zanele Muholi, Miguel Angel Rojas. Table ronde animée par Pierre Haski, fondateur et rédacteur en chef de Rue89.
Jean-Michel Fauquet Autoportrait ©JMFauquet
de Stéphane Bonnefoi et Lionel Quantin L'Heure du documentaire par Irène Omélianenko Le site de l'émission 14.08.2013 - 17:00 Jean-Michel Fauquet est un artiste à hauteur d’homme, plus familier des monts du Massif Central et du tumulus que des sommets romantiques des Alpes. D’ailleurs, son regard ne vise jamais les sommets mais plutôt leur antre, tout comme celui des centrales électriques, noires et boulonnées, des pylônes de téléphériques rouillés, ou des cabanes de chantier… Une mythologie du travail de la montagne, éveillée dès son enfance dans les Pyrénées. Jean-Michel Fauquet est né en 1950 à Lourdes. Pour percer ses montagnes, Jean-Michel Fauquet se fait tour à tour dessinateur, vagabond, artisan, artiste… Dans le quartier du Sentier où il vit (un mont né sur les déchets des Halles), il récupère du carton : « Nous entrons dans l’âge du carton, qui est celui de la précarité et du rejet ». Loin d’être désespéré, cet âge est aussi un appel à faire du neuf avec du rien. Ensuite, Fauquet gravit les six étages de son atelier dominant Paris, son carton sur le dos. Là, il construit, à l’aide du matériau glané et d’un pistolet à colle, ses reliques enserrées dans un écrin gris-noir. Il les patine - les inscrit dans un temps primitif. Enfin, il les photographie à la chambre. Son atelier entre alors dans le ventre fécond de la nuit. A l’orée d’une nouvelle naissance, mais plutôt d’une impossible renaissance. Comment témoigner de ce que l’on n’a pas vécu, sinon par l’oubli ? Et puis, dernière étape de sa quête d’ascendance, Jean-Michel Fauquet se saisit d’un escabeau bancal rivé à une corde, lui-même tenu par un mousqueton. Il ouvre une trappe, accède à un grenier bas, puis grimpe sur une chaise afin d’accéder à une lucarne. Il marche sur le toit pentu de son immeuble comme un funambule. Assis sur l’arête en zinc, les pieds dans la gouttière à trente mètres d’altitude, il se souvient qu’étant enfant, la vision du ciel était toujours tronquée par les nuages. Et cette vision est essentielle pour comprendre son rapport au paysage. ARMELLE CANITROT | La Croix Dans la pénombre, le regard, troublé, hésite à reconnaître couronnes, végétaux et tours. http://www.la-croix.com/Culture/Actualite/Les-elegies-de-Jean-Michel-Fauquet-2013-08-05-995035 Dessinateur, sculpteur, photographe, Jean-Michel Fauquet révèle son œuvre sombre et iconoclaste à Arles. Exposées dans la semi-obscurité de l’Atelier de chaudronnerie, ses photographies composent de mystérieux retables. De Jean-Michel Fauquet, les nouvelles arrivent régulièrement par ses livres (1) précédés de leurs titres mystérieux – Le Grand Séparateur (2011), Le Mont Né (2012), Mes yeux sont d’aveugles ciels (2013), Le Chien noir (2013)… Livres objets, comme d’élégantes partitions d’images fusionnant dessin, sculpture, photographie, dans lesquels il faut accepter d’avancer sans table des matières, comme dans un labyrinthe. Dire que le mystère de cette œuvre incandescente est totalement levé par cette exposition serait péremptoire, mais au moins a-t-on l’impression de pénétrer dans l’antre de l’alchimiste et d’y être initié à quelque secret de fabrication. Etranges objetsBaignant dans une pénombre d’église byzantine, les photographies composent d’immenses iconostases dans cet ancien atelier de chaudronnerie arlésien, traversé par un long autel sur lequel d’étranges objets gris plomb semblent attendre leur ultime phase de transmutation en or. Mais c’est en sels d’argent qu’après avoir été visités par la lumière, ces objets sont convertis, cryptés dans la matière sombre de tirages noir et blanc souvent patinés, parfois rehaussés au fusain. Troublé, le regard hésite à reconnaître soufflets, couronnes, végétaux, tours, drapés, prothèses, enclumes, reliques, cornes, papiers de soie, vestes, grilles… Autant d’objets sculpturaux transcendés par une prise de vue invitant à traverser des expériences de cécité, fusion, confusion, séparation, dépression, entrave, lutte, perte… Une photobiographie assurément. Même si dans un unique autoportrait, sa tête est enfouie sous un sac en papier, l’artiste laisse à son modèle, son double, son frère en philosophie le soin de porter les chapeaux et de faire résonner les cornes et les appeaux. Est-ce parce que tout a commencé dans la nuit d’un pensionnat où l’ennui ne trouvait de répit qu’en s’exerçant clandestinement aux magies de la chambre noire que Fauquet, né à Lourdes en 1950, ne cesse de revivre cette révélation des images ? Le prix de la libertéAprès douze années d’échappées au Canada, revenu avec des désirs de photographe, il se plia à un emploi alimentaire afin de préserver sa liberté d’artiste. Ce travail de bureau, explique-t-il, le contraignait à une activité artistique du soir et de la nuit. Que faire dans un petit atelier au centre de Paris ? Dans son « village » délimité par son appartement, Beaubourg et l’église Saint-Eustache, où il se recueille régulièrement, Jean-Michel Fauquet inventa « cette construction d’un monde de signes, des appeaux pour inviter au regard, à la parole, pour faire advenir un récit dans la tête des spectateurs, stimuler leur impression que ces formes viennent de temps immémoriaux en attente de formulation… » Après des exercices quotidiens de dessin dans le métro afin de ne pas perdre ce temps précieux, de rester au plus près de soi, de ses moments d’intimité, de joie, de détresse, entrer le soir dans cet appartement atelier du Sentier où, ô miracle, les trottoirs sont encombrés de trésors, tubes et montagnes de cartons rejetés par les ateliers du textile. Matériau ingrat, léger, pauvre que l’artiste façonne à l’infini, coupant, tailladant, assemblant pour lui faire entendre raison, faire naître des formes à peindre ou à patiner, puis inventer une syntaxe et une écriture pour les photographier. « L’examen d’un travail artistique se fait à l’aune de son économie de production. Je suis dans un quartier d’ateliers clandestins et d’employés précaires, je travaille avec ce matériau précaire et je suis précaire dans ma capacité de production artistique. » (1) Aux Éditions Filigranes tout comme Au jour consumé (1994) et Ordalies (2002) avec Pierre Bergounioux et Zone d’intervention précaire (2008) avec Francis Cohen. www.filigranes.com Atelier de chaudronnerie, Rencontres de la photographie d’Arles, jusqu’au 22 septembre, 50 expositions. www.rencontres-arles.com ARMELLE CANITROT, à Arles (Bouches du Rhône) |
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十一月 2013
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